Alioune Dieng et Anna Paola Soncini Fratta | Texte intégral

De nos jours, les survivances sont noyées dans la longue liste des tares attribuées à la tradition et aux idéologies, parfois radicales et menaçantes. Parmi elles, figure la polygamie. Elle est souvent dénoncée comme étant un système d’oppression, voire une forme d’esclavage opposée aux droits, à l’émancipation et à l’épanouissement de la femme dans les sociétés musulmanes et africaines, avec des conséquences économiques, sociales et démographiques catastrophiques. [...] Ce numéro de la revue Interfrancophonies a voulu porter la réflexion sur la représentation littéraire des survivances « qui répètent la scène originaire » (Kouakou) face aux exigences de la modernité. Les auteurs ont examiné - également avec des démarches « aux confluents de la grammaire, de la stylistique et de la pragmatique » (Diawara) - la praticabilité de l’authentique, mais aussi la revendication de l’homme singulier, dans sa quête du bonheur et de ses origines, « interpellé par la réalité imprévue », et devant rendre compte sans détour « de son rapport au monde » (Denis Müller : 1998, p. 15).

Alioune Dieng | DOI: 10.17457/IF/2020.DIE  | Texte intégral

La question de la polygamie, considérée désormais par les défenseurs des droits de la femme comme la barbarie des temps modernes, suscite encore la curiosité par son caractère résilient, très inquiétant. Une analyse plus approfondie et moins anthropocentriste de la vérité permet de mieux comprendre le phénomène en faisant ressortir, au-delà du social et du religieux, sa double dimension dramatique et déontique, qui renvoie plutôt à une dialectique de la responsabilité et de la conviction, pouvant déboucher sur un enjeu de pouvoir.

Halima Diallo | DOI: 10.17457/IF/2020.DIA | Texte intégral

Cet article interroge la pratique de la polygamie dans les milieux éduqués. La littérature francophone, avec des ouvrages sélectifs à l’appui, permettront d’étayer cette contribution. Si, jusque dans les années 1950, la littérature nègre était le domaine réservé de la gent masculine, la problématique de l’existence d’une écriture féminine africaine se confronte alors au discours hégémonique patriarcal. Force est de constater, leur écriture est dénonciatrice des maux des femmes dans la sphère privée. Les écrivaines attirent l’attention sur les violences – cachées – que rencontrent les femmes au quotidien.

Alioune Diané | DOI: 10.17457/IF/2020.DIAN | Texte intégral

Une lecture superficielle peut considérer Une si longue lettre comme un texte engagé qui dénonce la polygamie, critique les hommes et produit un discours résolument féministe. Une telle analyse idéologique ampute le texte de sa dimension littéraire qui est essentielle et qui constitue la préoccupation fondamentale de Mariama Bâ. Contre la tentation d’enfermer l’œuvre dans une dimension engagée qui est circonstancielle, nous la lirons en valorisant son caractère exemplaire et en prenant comme point d’appui la structure narrative, la présentation de la société et le discours féministe. Un tel parcours de lecture permet de manifester la fabrication du littéraire qui est au cœur du livre.

Léon Charles N’Cho | DOI: 10.17457/IF/2020.NCH | Texte intégral

Cette contribution s’appuie sur Friedrich von Schiller et Bernard Binlin Dadié pour proposer des moyens pouvant permettre aux hommes ainsi qu’aux sociétés modernes de restaurer en eux l’équilibre perdu à cause de la mondialisation. Elle vise aussi à analyser les effets de ce phénomène global sur ces hommes et ces sociétés. Le phénomène de la mondialisation impose aux différents peuples de rechercher des ressorts dans leur fond civilisationnel, de s’ouvrir aux autres cultures ainsi qu’à la nature sinon pour restaurer l’équilibre, du moins empêcher d’éventuels déséquilibres. L’art apparaît également dans leurs conceptions comme un moyen utile de restauration d’équilibre, les deux auteurs étant convaincus que l’éducation esthétique y participe.

Jean Marie Gaudouh Kouakou  | DOI: 10.17457/IF/2020.KOU | Texte intégral

Les origines familiales de l’auteur, datant de près de trois cents ans en ce lieu, témoignent du lien avec la famille à inscrire dans et par la mémoire. Elles marquent considérablement la persistance de l’île Maurice, celle de l’enfance leclézienne dans une œuvre, qui pourtant se déplace en d’autres temps et lieux. Chez Le Clézio où tout invite effectivement, dans le corpus consacré à ce lieu des origines, à voir une double modalité particulièrement active, que mon étude s’attachera à démontrer, l’île originelle en voie d’être perdue y est en effet majoritairement dite en mode de survivance et/ou en mode de présence.

Augustin Coly | DOI: 10.17457/IF/2020.COL | Texte intégral

Cet article se penche sur la connexion entre deux genres – le roman et la nouvelle – dans Les Gommes d’Alain Robbe-Grillet et Monnè, outrages et défis d’Ahmadou Kourouma. Ces deux écrivains majeurs de la seconde moitié du XX^esiècle se servent en effet des possibilités fictionnelles et génériques de la nouvelle pour remettre en cause la fausse transparence du monde et interpeller leurs contemporains sur les grands défis de la thématique et de l’écriture modernes.

Youssouf Diawara | DOI: 10.17457/IF/2020.DIAW | Texte intégral

L’écriture d’Henri Lopes n’est jamais à aucun degré complice des effets qu’elle produit. Celle-ci offre une variété d’actualisations du discours, sustentés par divers moyens d’expression au rang desquels on retiendra le relateur et eu égard à son pouvoir de construction de nuances de significations. La présente étude vise à déterminer les modalités de fonctionnement de ce joncteur et d’en examiner la dimension pragmatique dans le discours de ce romancier, à travers son roman culte : Le Pleurer-rire.