Sous les combles de ‘Souvenance’ : de « Bogota, Bogota » à Adieu Bogota

Kathleen Gyssels | DOI:10.17457/IF/2020.GY | Texte intégral

Dans la bibliothèque à Souvenance, sous les combles de leur maison désormais classée «Maison des illustres», André Schwarz-Bart laissa des classeurs avec d’étranges coupures: photos en noir et blanc de personnes mortes, découpées dans des journaux et des revues. La collection pour le moins surprenante m’incite à réfléchir sur l’inspiration schwarz-bartienne, car à côté de lectures nombreuses, diverses, l’auteur du Dernier des Justes se nourrissait aussi de supports visuels, tant picturaux que des photos collectionnées au fil des ans. Tel un morbide loisir, l’auteur semble fasciné par l’«Ars moriendi», ce qui se comprend aisément vu l’histoire tant individuelle que collective de son peuple. De récentes parutions ayant trait à la Shoah, ont recours à la même perspective multidirectionnelle. Dans «Réversibilité», Baudelaire évoque par le «papier qu’il froisse» la manie destructrice de ses essais, au signe premier de «ébauches», «brouillons». L’angoisse devant la page blanche n’étant pas étrangère à l’auteur dont la veuve vient de sortir à titre posthume Adieu Bogota, j’interroge la récurrence du traumatisme dans l’œuvre posthume.