Nouchi, français ivoirien : quelles hybridités ?

Akissi Béatrice Boutin | DOI: 10.17457/IF/2020.BO| Texte intégral

La notion d’hybridité vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on évoque le nouchi (Kouadio N’Guessan 1992, Ahua 2007, 2008, Atsé N’Cho 2014, Tapé 2016, Boutin & Dodo 2018…). Dans les représentations savantes et non savantes, le nouchi est essentiellement le résultat d’un mélange ou métissage, autrement dit un hybride qui n’est plus ni totalement du français ni aucune autre langue africaine ou européenne, bien que toutes s’y retrouvent par certains traits. Nous nous posons la question de savoir si, d’une part, le nouchi a aussi recours à l’hybridité à d’autres niveaux de la langue, d’autre part si le français ivoirien qui est son support n’est pas déjà lui aussi largement hybride. Cela nous permet aussi d’approfondir la valeur heuristique du concept d’hybridité, notamment à l’aide des réflexions menées dans le courant des cultural studies, et des postcolonial studies (Bhabha 1994, Canagarajah 2012).