Armarsi di parole. L’utilizzo della parola come strumento di resistenza e reazione in Les affres d’un défi di Frankétienne

par Alice Mazzotti
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Avec Les affres d’un défi, roman publié à Haïti en 1979 pendant la dictature duvaliériste, Frankétienne ne raconte pas à ses lecteurs une histoire, mais il lance un message fort à son peuple et, en même temps, à l’humanité tout entière : se coaliser et utiliser la parole comme arme de réaction contre l’oppression est la seule possibilité pour réussir à se délivrer. L’auteur s’engage lui-même en premier : il utilise les mots pour créer un texte délibérément obscur, sans une véritable trame et dans lequel il communique avec puissance une sensation de malaise, soit à travers la description d’un environnement dominé par la souffrance, où le images classiques de beauté liées aux lieux caribéens sont totalement bouleversées, soit à travers  la narration des pensées, actions et dialogues des personnages auxquels il donne vie, personnages qui émergent de la collectivité en montrant leur point de vue et leur difficulté à vivre dans un contexte d’oppression. La conclusion de ce roman, enfin positive, se configure comme une sorte de commencement dans lequel la parole est et doit être encore la protagoniste.

Mots-clés : Frankétienne, Haïti, engagement, parole, révolte.

DOI : 10.17457/IF7_2016/MAZ

Le théâtre haïtien de l’ère duvaliériste (Franck Fouché, Gérard Chenet, Frankétienne)

par Francesca Valerio
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À travers l’étude de cinq pièces écrites par des dramaturges haïtiens entre 1957 et 1986 (Trou de dieu, 1967, et Général Baron-La-Croix, 1974, de Franck Fouché ; Zombis nègres, 1971, de Gérard Chenet ; Kaselezo, 1986, et Totolomannwèl, 1986, de Frankétienne), l’article se propose de mettre en évidence la façon dont ce théâtre de réaction et de contestation a critiqué d’une manière allusive et indirecte la dictature des Duvalier. En représentant un monde fictif dominé par un pouvoir violent et obscurantiste, qui réduit son peuple à un état de paralysie et de « zombification », ces pièces visent non seulement à dénoncer le régime de « Papa Doc » mais aussi à faire réfléchir le spectateur. Le théâtre, moyen de conscientisation et de mobilisation, devient ainsi un important collaborateur dans le processus de renaissance du peuple haïtien.

Mots clés: Haïti, Théâtre, Duvalier, Fouché, Chenet, Frankétienne

DOI : 10.17457/IF7_2016/VAL

L'œuvre romanesque de Lyonel Trouillot: quelle écriture pour quel engagement ?

par Elena Pessini
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L’écrivain haïtien Lyonel Trouillot reste toujours en contact direct avec ce qui se passe dans son île, les romans qui se succèdent portent la trace des changements qui concernent le pays. L’article propose de vérifier dans quelle mesure son premier roman, Les Fous de Saint-Antoine (1989), contient déjà l’essentiel de ce que l’on peut appeler une poétique de l’engagement. Dans ce roman, Trouillot commence à dessiner l’architecture de toute une famille de lieux où se mettent en place des communautés, où se tissent des liens qui ne sont en rien des liens traditionnels, ceux de famille héréditaires, ou acquis. La ville haïtienne est l’espace le plus disséqué par l’écrivain ; qu’elle soit le théâtre de violences répétées subies par les personnages ou un lieu de déliquescence quotidienne, la mise en scène de l’agglomération urbaine permet de présenter la société sous ses aspects les plus crus.

Mots-clés : engagement, Trouillot, Les Fous de Saint-Antoine, quartier de Saint-Antoine, ville haïtienne

DOI : 10.17457/IF7_2016/PES

L’écriture de l’inaudible. Les narrations littéraires du génocide au Rwanda

par Maria Angela Germanotta
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Sous le choc du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, le monde littéraire africain de langue française est obligé d’aborder des questions tout à fait nouvelles, d’une portée historique et anthropologique bien différente par rapport aux thèmes traditionnels développés jusque-là. Le devoir de mémoire s’impose aux écrivains ; là, la langue française assure la transmission internationale, mais la langue de l’affectivité, du deuil et du souvenir demeure le kinyarwanda pour le rescapé rwandais. La triade formée par les voix des survivants, des disparus, des bourreaux compose le périmètre symbolique qui inscrit la quête, ou l’errance, des personnages principaux des romans, dont le parcours se déroule dans un espace géographique tout à fait réel, balisé par les sites mémoriaux et par les lieux des massacres. 

Mots clés : Rwanda, génocide, Fest’Africa, témoignage, role du tiers, quête

DOI : 10.17457/IF7_2016/GER

Amin Maalouf ou le bien idéal suspendu

par Antonella Emina
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Un corpus d’ouvrages, publiés depuis l’an 2000 par l’écrivain libanais Amin Maalouf, est examiné dans le but d’en dégager les traits propres à contribuer à l’avancement de la réflexion critique autour de l’engagement en domaine francophone. La variété des termes de l’engagement littéraire est parcourue au niveau des stratégies esthétiques et narratives en focalisant la relation entre ses diverses composantes : thématique (sur plan de l’imaginaire, de l’inconscient, du symbolique), formelle (sur plan de l’énonciation, des stratégies discursives et narratives …), idéologique ou d’approche morale (sur plan des liens avec une société de référence, des mobiles de l’écriture, des principes de conduite, de la recherche d’un bien idéal …). Pourtant, les stratégies ‘franco-francophones’ d’écriture du corpus n’arrivent pas à brider les intentions et les retombées d’une œuvre qu’on perçoit mieux dans le contexte plus vaste d’une littérature de contamination culturelle, linguistique et pratique.

Mots-clés : sertion ; engagement littéraire ; intratextualité ; Maalouf Amin ; péritextualité.

DOI : 10.17457/IF7_2016/EMI

Violence et altérité dans Éthel et le terroriste de Claude Jasmin

par Józef Kwaterko
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Cet article se propose d’interroger l’inscription de l’altérité juive dans le roman de Claude Jasmin, considéré comme un des premiers romans québécois qui prend en charge la violence terroriste comme forme d’engagement politique dans les années 1960 au Québec. On observera d’une part l’impact de la trame policière et de la thématique de la fuite sur la structure narrative du roman. D’autre part, on s’attachera à examiner le récit comme espace mental du terroriste québécois, Paul, hanté par la présence d’Éthel Rosensweig, son amante juive, et sa mémoire de l’Holocauste, incompatible avec la mort « planifiée ». On réfléchira enfin sur le rôle joué dans ce couple par l’amour et la sexualité, ainsi que par le statut ambigu de l’Amérique (et de New York) dans le récit, représentée à la fois comme « topie réalisée » (Baudrillard) et réalité amnésique qui génère l’angoisse et le besoin de réaffirmation identitaire.

Mots clés : altérité, sexualité, judéité, terrorisme, roman québécois

DOI : 10.17457/IF7_2016/KWA

Esthétique de la réparation dans deux romans d’Abdelhak Najib

par Yves Chemla
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Les deux romans d’Abdelhak Najib, Les territoires de Dieu, Le printemps des feuilles qui tombent, semblent participer de la démarche en cours dans les lettres francophones marocaines qui vise à occuper de nouveaux terrains et à modifier ce qui pourrait apparaître avec le temps comme des effets de stéréotypie, en particulier dans les rapports entre éthique et littérature. C’est dans la représentation de la société, et dans la dénonciation de l’immobilisme qui la caractérise que cette innovation prend de l’ampleur.

Mots-clés : Abdelhak Najib, Les territoires de Dieu, Le printemps des feuilles qui tombent, engagement en littérature

DOI : 10.17457/IF7_2016/CHE

Avant-propos. Pistes pour la recherche de nouvelles formes de l'engagement littéraire: le cas des littératures francophones

par Alessandro Costantini

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Traiter en général de l’engagement en littérature, ou dans une seule littérature, voire même dans un corpus homogène circonscrit et essayer d’en dresser un bilan exhaustif: aste programme ! Trop amples les territoires littéraires à arpenter, trop nombreux les ouvrages et les auteurs à prendre en considération, trop complexes et variés les objets de analyse d’abord, de la synthèse en suite. Trop grande, voire énorme, la masse de données et de travaux déjà réalisés à prendre en compte. Il reste néanmoins possible de réunir les efforts à ce sujet de quelques chercheurs, se solidarisant à partir d’un trait commun contraignant et tout en gardant chacun ses spécificités d’origine, d’intérêts, de enchants. De là l’idée de donner un aperçu, circonscrit – certes! – mais fécond, de ce que la problématique, l’exigence de l’engagement ont pu donner dans un champ culturel et littéraire marqué par une homogénéité historique et sociale forte : le champ des littératures de langue française, dans des pays et des cultures souvent assez ou fort éloignées déjà entre elles. Le résultat est ce volume comprenant des essais consacrés à des textes venant du Québec, de l’Afrique francophone sub-saharienne, du Maghreb, du Machrek et des Caraïbes (Haïti).

DOI : 10.17457/IF7_2016/COS2

Kourouma, auteur engagé dans l’histoire. L’enfant soldat, un « grand quelqu’un obligé au témoignage

par Anna Michieletto

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L’enfance traverse en filigrane toute l’œuvre d’Ahmadou Kourouma, en assumant de plus en plus d’ampleur jusqu’à devenir prépondérante dans ses deux derniers ouvrages. L’article retrace l’importance des enfants dans la société disloquée de cette production romanesque, pour se focaliser sur Allah n’est pas obligé et Quand on refuse on dit non (inachevé), qui traitent des guerres civiles combattues en Afrique subsaharienne occidentale. Le protagoniste et narrateur de ces deux volumes est Birahima, un enfant soldat, qui grâce à l’écriture commence un processus personnel de résilience. Il écrit pour témoigner de son histoire, insérée dans l’histoire nationale et internationale. L’article analyse aussi l’écriture engagée de Kourouma qui exprime un anti-discours par rapport au discours officiel, à la recherche d’une solution possible pour la situation du continent.

Mots-clés: enfant-soldat, Kourouma, résilience, témoin, engagement

DOI : 10.17457/IF7_2016/MIC

Formes et figures narratives de la dictature dans le roman francophone et ispanophone de la Caraïbe

par Alessandro Costantini
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En examinant la production narrative de la Caraïbe ayant trait à la dictature, de langue française et espagnole, l’article part de l’hypothèse que l’on puisse y trouver un phénomène culturel et littéraire, supra ou transnational. L’examen portera sur dix romans ou récits : cinq d’auteurs haïtiens (Phelps, Depestre, G. Étienne, Dorsinville), cinq d’auteurs de langue espagnole (Asturias, Carpentier, García Márquez, Roa Bastos). Par delà la persistance d’une thématique commune et à l’intérieur d’un réseau complexe de similitudes et de différences, il se dessine un système caribéen, surtout pour les années ’70, mais qui s’étend quelque peu sur le plan géographique (à l’aire latino-américaine), aussi bien que temporel (à la première moitié du XXe siècle). Les romans sur la dictature, en Amérique Latine, ont des fortes ressemblances, affinités, parentés : sur le plan des formes et structures narratives, aussi bien que sur celui thématique, fondé sur des couples oppositifs tels que : Dictateur/Victime, présence/absence, euphorie/dysphorie, raison/déraison.

Mots-clés: roman de la dictature ;  Haïti et Amérique hispanophone ; morphologie ; thématique ; isomorphisme.

DOI : 10.17457/IF7_2016/KOS

La métaphore comme « passeur culturel » : exploration d’une nouvelle forme d’engagement possible dans la littérature libanaise francophone à partir de l’œuvre de Vénus Khoury-Ghata

par Francesca Tumia
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Les études consacrées à la littérature libanaise francophone soulignent souvent la position inconfortable assignée à des textes qui auraient « tourné le dos » à la langue arabe et n’auraient donc pas le droit de représenter leur culture d’origine au même titre que des textes arabophones. Les conditions de « naissance » de la littérature libanaise en français restent en effet liées aux intérêts impérialistes européens et, comme pour d’autres littératures francophones, le choix de l’écriture de soi dans une langue étrangère, souvent la langue du « colonisateur », est considéré comme une transgression vis-à-vis de l’authenticité de la langue et du pays d’origine, reléguant ainsi l’écrivain au statut de « renégat », tel que l’affirme Zahida Darwiche Jabbour.

Mots-clés : Engagement, littérature libanaise, Vénus Khoury-Ghata.

DOI : 10.17457/IF7_2016/TUM