Daouda Traoré | DOI: 10.17457/IF/2020.TR | Texte intégral
A observer de près la dynamique des langues à l’Ouest du Burkina Faso, on se rend à l’évidence que le jula n’est plus la seule langue dont la nette domination faisait jusqu’alors l’objet d’aucun débat. En effet la langue officielle du pays qu’est le français commence aussi à exercer une influence, certes beaucoup moins importante, mais de plus en plus croissante, dans cette partie du pays. A travers les différentes enquêtes de terrain que nous avons effectuées dans la commune rurale de Kankalaba, nous avons pu constater l’ampleur des emprunts au français dans les conversations quotidiennes des locuteurs du senar). L’une des conséquences les plus frappantes du contact entre le senar et le français dans cette commune du pays demeure sans conteste le recours de plus en plus prononcé à des mots composés impliquant les deux langues à la fois. En effet, pour désigner certaines réalités, le plus souvent nouvellement intégrées dans leur milieu, les locuteurs du senar ont recours à des termes composés constitués d’au moins deux segments appartenant à chacune des deux langues en contact (français/senar). C’est la nature bilingue de ces créations hybrides qui nous a interpellé et a suscité en nous un vif intérêt pour la présente étude qui vise de façon spécifique à : (1) Répertorier les différents types de créations hybrides contenues dans les interviews, du point de vue de leurs structures et de leurs natures ; (2) Décrire et expliquer le processus d’adaptation phonétique et phonologique des segments empruntés au français aux structures linguistiques du senar ; (3) Examiner la logique structurale et sémantique des créations hybrides.
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III. Perspectives littéraires