Aperçu - Numéro 5

Si le fantastique est bien installé, et depuis assez longtemps, dans la tradition littéraire occidentale, où il a émergé vers la fin du 18e siècle, il n’en est pas de même pour l’aire maghrébine et subsaharienne. Si le merveilleux, qui « puise dans la cosmogonie et les croyances populaires » est familier aux Africains par le biais de la tradition orale et culturelle, le fantastique, par contre, y est « une notion importée, ou en tout cas d’émergence plus récente », même s’il manifeste sa présence ici et là et sous différentes formes chez beaucoup d’auteurs contemporains.
Certains critiques, certaines études, établissent une filiation étroite et directe entre le fantastique dans les littératures africaines francophones et l'occidental, le premier étant en quelque sorte « modélisé » par les œuvres maîtresses du second, contribuant par là à « un élargissement dans le champ de l’Anthologie du fantastique européen et plus particulièrement français ». D’autres y opposent l’idée de « singularité » et refusent de considérer le fantastique francophone maghrébin et négro-africain comme une continuation du fantastique français par le biais de l’école coloniale, lui attribuant « une origine et une composition sinon plus élargies, du moins davantage complexes » et reconnaissant à son écriture « les caractéristiques de la postmodernité en tant qu'esthétique littéraire.»
La revue Interfrancophonies a décidé de réserver un de ses numéros, à caractère exploratoire, au « fantastique » dans les littératures francophones du Maghreb et subsahariennes. Quelles sont ses manifestations, ses formes, ses caractéristiques, ses fonctions ? Qu’en est-il de ses rapports avec le fantastique européen ? S’agit-il uniquement d’une présence du fantastique où bien d’œuvres qui relèvent réellement et complètement de la littérature fantastique? Qu’en est-il de son émergence, de l’actualisation de ses œuvres et de leur réception par les publics africains ou occidentaux?

Saddek Aouadi (Université d’Annaba, Algérie)

Elhadji Souleymane Faye (Université de Dakar, Sénégal)