L’étranger, cet être étrange qui investit la représentation littéraire et artistique traverse souvent les lieux de l’imaginaire comme un commis voyageur, s’introduisant, par effraction, dans les limbes de la narration. Il porte en lui les stigmates d’un discours autre, différent, vite perçu dans certains textes comme un personnage subversif, ou parfois représenté comme un être soumis, trouvant sa place dans le milieu naturel du récit. Ainsi, de nombreux textes romanesques et dramatiques francophones intègrent dans le tableau des personnages des étrangers, souvent présentés comme des silhouettes, mais aussi éléments actifs de la narration. Le regard porté sur les différences se trouve parfois biaisé, marqué du sceau de la curiosité et du jeu de l’exotisme, engendrant la mise à l’épreuve de l’altérité perçue comme lieu central de l’articulation des différences et de l’attitude narrative et discursive particulière provoquée par le regard que lui portent les autres personnages, et au-delà, par le lecteur déjà conditionné par les jeux de la culture de l’ordinaire. Ainsi, vont s’articuler deux attitudes complémentaires, celle de l’instance d’origine représentée par l’auteur et son texte et celle du lecteur-récepteur fondamentalement marqué par sa culture et sa formation, forcément médiatisé par le discours spécifique de l’étranger.