La littérature libanaise passant par les images : à propos des BD / romans graphiques des jeunes auteures francophones libanaises (Zeina Abirached et Lamia Ziadé)

Batoul Wellnitz | DOI:10.17457/IF/2021.WEL | Texte intégral

Beyrouth : “une turbine à fantasmes” ? Lecture dans “L’Âge d’or” et “Beyrouth la nuit” de Diane Mazloum

Nadéra Touahri, Michel May | DOI: 10.17457/IF/2021.TMA | Texte intégral
Cet article interroge une affirmation de l’écrivaine Diane Mazloum selon laquelle « Beyrouth est une turbine à fantasmes ». La confrontation de ses romans L’Âge d’Or et Beyrouth la nuit avec L’histoire de Beyrouth de Samir Kassir, les écrits de Georges Corm et d’autres auteurs a permis de définir les fantasmes de résilience, de pureté, de mort et de suicide. Dans notre analyse le fantasme littéraire de l’espion occupe une place à part. Le fantasme du suicide, déjà évoqué sur le plan collectif, existe aussi sur le plan individuel. Beyrouth ne remplit guère les deux injonctions d’Eros et de Thanatos. Cela peut expliquer la catastrophe du 4 août 2020, qui peut aussi s’avérer être une chance pour le Liban et sa capitale, à condition que l’on fasse appel à des fantasmes qui possèdent une fonction active, qui aident à se projeter dans l’avenir, plus spécialement les fantasmes génératifs.
Mots clés | Mazloum Diane, Beyrouth, fantasmes, résilience, Eros & Thanatos.

Beyrouth, le Liban, ses écrivains de langue française

Anna Paola Soncini Fratta | DOI: 10.17457/IF/2021.SON | Texte intégral

Dans une période bouleversée par des événements traumatiques, ce numéro d’Intefrancophonies porte son regard su la littérature libanaise, une littérature importante bien que souvent méconnue ; une littérature fascinante dans sa complexité, dont les traits caractéristiques sont « la prédominance de la poésie, le patriotisme et l’engagement, le problème de l’identité et enfin l’écriture francophone libanaise entre l’écriture française et l’écriture arabe (Sonia Fakhri, 2004). C’est une littérature qui englobe de grands écrivains, parfois porteurs d’une mémoire traumatique, toujours affichant les idéaux, les désirs et le destin d’un pays. Aujourd’hui sont nombreux les jeunes écrivains qui cherchent dans l’écriture une manière d’analyser leur monde et de le faire connaitre. Parfois de manière mélancolique. Diana Mazloum a publié, en 2014,: Beyrouth, la nuit ; elle y met en scène le monde de l’après-guerre, un monde dans lequel les jeunes (« les Bébés de la guerre ») cherchent à profiter des mille possibilités que la ville offre, quoique en cachette, la nuit. C’est au crépuscule que les gens se croisent, s’aiment ou se détestent. Au croisement entre Orient et Occident, cette ville représente-t-elle notre monde à nous tous ? Le Liban est-il si lointain de nous ?

 

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I. Textes littéraires 

Pluralité d'appartenances et hybridité linguistique dans l’œuvre littéraire d’Abla Farhoud

Veronica Cappellari | DOI: 10.17457/IF/2021.CAP | Texte intégral
Cette étude propose une analyse de l’œuvre littéraire d’Abla Farhoud, écrivaine francophone d’origine libanaise, immigrée au Québec en 1951. D’abord actrice et dramaturge, elle devient auteure de plusieurs pièces théâtrales et de romans, la plupart récompensés par la critique internationale. Trouver à tout prix un point d’ancrage dans un pays d’accueil, “se fondre dans la masse des Québécois” est une des constantes thématiques qu’Abla Farhoud travaille au fil de ses romans et de ses pièces, en modulant les circonstances, en alternant les lieux (le Liban et le Québec) et les langues, jouant souvent sur le passage français-arabe libanais, expression de son identité hybride. L’auteure, dans sa production littéraire, aborde la question de l’émigration et de l’identité plurielle. Ses personnages sont des gens qui viennent de loin, qui tentent de s’habituer à une nouvelle terre, à une nouvelle culture, qui ne se sentent chez eux ni là-bas ni ici. Ce sont des personnages qui sont perdus dans une quête de l’identité et qui, quelquefois, tombent dans la folie et dans la souffrance de la guerre, du deuil et de la solitude. Seule l’écriture leur offre la possibilité de vaincre l’aliénation et de survivre à une double identité.
Mots clés | émigration – altérité culturelle – identité – appartenance – errance

« Étranges étrangères » : Figures de la femme immigrée dans Le bonheur a la queue glissante de Abla Farhoud et Le dérisoire tremblement des femmes de Salma Kojok .

Mayssam Yaghi El Zein | DOI:10.17457/IF/2021.YEZ | Texte intégral
Le roman francophone libanais a essaimé dans d’autres continents accompagnant depuis toujours l’interminable exil des libanais vers d’autres terres. Parmi les grands noms qui occupent aujourd’hui une place importante sur la scène littéraire internationale, bon nombre de romanciers contribuent à tisser la grande toile qui raconte l’histoire du pays bien au-delà de ses frontières géographiques. Les deux romans que nous avons choisi d’étudier racontent l’exil à travers les histoires de deux femmes : l’une partie vivre en Côte d’Ivoire pour suivre son mari (Kojok) et l’autre pour vivre à Montréal (Farhoud). Le couple, les déceptions, la génération des enfants dont le cheminement contribue davantage à l’inexorable rupture avec le passé, l’étranger, sa langue... jusqu’à la mort, ultime point d’arrivée. Les histoires des filles viennent donner voix au silence des mères. Le roman de l’exil est un roman entre deux rives éloignées qui se rencontrent et où les « maux » des unes (les mères) deviennent les mots » des autres (les filles).
Mots-clés | Littérature libanaise- exil et littérature- roman féminin- roman francophone- genre et migrations.

Affronter l’entaille

Georgia Makhlouf | DOI: 10.17457/IF/2021.MAK | Texte intégral

 

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II. Articles

Darina Al Joundi, faire de sa vie une œuvre

Marie-Claude Hubert | DOI: 10.17457/IF/2021.HUB | Texte intégral
Darina Al Joundi est née à Beyrouth en 1968 où elle grandit pendant la guerre civile. L’objet de cet article est d’analyser l’œuvre de cette femme en quête de liberté et de montrer comment elle fait de sa vie une œuvre littéraire. En racontant, l’histoire du Liban en guerre, elle reconstitue une histoire personnelle qui a côtoyé la mort et la folie. Qu’elle écrive sur May Ziadé ou sur elle-même, Darina Al Joundi interroge son identité et dénonce l’intégrisme qui la menace.
Mots clés | autobiographie, guerre civile, intégrisme, mort, sexualité

La lecture occidentale du roman francophone libanais : un plaisir ambigu

Karl Akiki | DOI: 10.17457/IF/2021.AKI | Texte intégral
La littérature libanaise contemporaine ne se contente pas de raconter des histoires, d’être consentante (selon la formule de Dominique Viart). Elle prend le réel à bras-le-corps/cœur, s’en saisit et en fait l’arrière-plan des différentes fabula. Comme les Libanais n’ont pas une Histoire commune, chaque communauté religieuse ayant sa propre version des évènements historiques, le roman francophone libanais comble les trous de l’Histoire pour « prendre possession du monde » (reprise de l’expression de Georges Perec).
Cet article s’interroge sur le plaisir de lecture ambigu que procure ces romans pour un lectorat occidental mis en parallèle avec un lectorat libanais francophone. Il se penche sur les liens qui subsistent entre l’Histoire et l’histoire à partir d’un large corpus de romans écrits dans les années 2000, soit 25 ans après la guerre civile.
Mots-clés | texte de plaisir, récit de filiation, roman francophone, imagologie, études postcoloniales.

Voies des femmes sous la voix de la guerre dans Villa des femmes de Charif Majdalani

Nicole Saliba-Chalhoub | DOI:10.17457/IF/2021.SCH | Texte intégral
Cet article se penche sur le roman Villa des femmes de Charif Majdalani, romancier libanais d’expression française, au travers d’un éclairage psycho-narratologique, pour mettre au jour la force du non-dit des femmes, paradoxalement accompagné par le bruit assourdissant du canon meurtrier de la guerre, lequel emplit l’espace-temps de la vie, en œuvrant, au quotidien, à la manière d’une métonymie de la destruction et du chaos advenus par le geste et le dit des hommes. Il s’agit, par conséquent, de montrer comment s’y articulent des mouvements et des statuts antagonistes, articulation qui pourrait bien être appréhendée comme la représentation en miniature de la société libanaise contemporaine et, plus encore, actuelle à l’aune de la Révolution du 17 octobre 2019, comme de la double explosion d 4 août 2020 qui a littéralement détruit la capitale. Pour appréhender cette articulation, l’article se composera de trois parties, dont la première s’intéressera au procès narrativo-énonciatif en tant que tel dans lequel le narrateur tient lieu d’un chœur de tragédie antique, la deuxième à l’alliance oxymorique entre le dit des hommes et le non-dit des femmes et la troisième, enfin, à la victoire des voies des femmes qui auront su se frayer un chemin sous la voix meurtrière de la guerre, laquelle n’épargne personne.
Mots-clés | Non-dit ; point focal ; procès narratif ; contenance émotionnelle ; voix / voies ; horizontalité et verticalité territoriales.

« À la croisée des chemins, il y a l'Autre » : hétérotopie théâtrale et mise en scène de l’in/hospitalité dans la vision de Wajdi Mouawad

Felicia Cucuta | DOI:10.17457/IF/2021.CUC | Texte intégral

Wajdi Mouawad, un théâtre en relation entre Liban et monde

Aurélie Chatton | DOI: 10.17457/IF/2021.CHA | Texte intégral

L’écriture de l’intensité dans les albums de Zeina Abirached

Maha Badr | DOI: 10.17457/IF/2021.BAD2 | Texte intégral

Wajdi Mouawad ou le théâtre de signes mythiques. Du "Sang des promesses" aux "Larmes d’Œdipe"

Kalliopi Ploumistaki | DOI: 10.17457/IF/2021.PLO | Texte intégral
Les auteurs francophones de la diaspora libanaise se trouvent entre l’Orient et l’Occident, physiquement et mentalement, de sorte que leurs images, leur imagination, leur univers littéraire se présentent continuellement enrichis . Le cas du dramaturge libano-québécois Wajdi Mouawad s’inscrit à cette catégorie d’homme de lettres. Ancré sur la tétralogie Le Sang des promesses et Les Larmes d’Œdipe, le présent travail a comme objectif de démontrer que cet homme de théâtre renouvelle immanquablement l’écriture dramatique, le genre épique contemporain. Mouawad s’inspire des mythes antiques grecs sans détours en faisant ainsi un retour aux sources pour trouver un outil conforme à la conservation de la mémoire. Il ne les imite pas stérilement. En revanche, il les réinvente en nous soumettant l’osmose entre deux éléments l’héritage antique et l’innovation moderne.
Mots-clé | Mouawad, Œdipe, guerre, théâtre contemporain, mythocritique